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Habiba

Cessation d’(in)activité

Jeune vingtenaire, je découvrais le concept du “développement personnel”, je m’y plongeais à corps et âme perdus et n’ai cessé de me développer.


Et comme un arbre, plus je me développais, plus je me ramifiais.


De plus en plus nombreuses à mon arc, les cordes s’étendaient depuis mon cœur jusqu’au-delà de l’extérieur supportable pour mon tronc, massif et isolé.


J’étais, à force de conviction, de bourrage de crâne, de révolution mentale et surtout, de refus du réel : devenue ce poisson qui veut grimper aux arbres


« Tout le monde est un génie, mais si tu juges un poisson pour sa capacité à escalader un arbre, il passera sa vie à croire qu’il est inutile. » Albert Einstein

A l’aube de mes trente ans, épuisée par tout ce que j’avais appris, expérimenté, et plus encore à l’idée de ce qu’il fallait toujours plus apprendre, et expérimenter, mon seau ne désemplissait pas, mais j’ai le cuir dur et la volonté jamais défaillante


L’inanité de la vie, la dépréciation du tout ; puisque rien n’est impossible, donc tout est égal, comme les Dieux envient les mortels, j’enviais ceux qui avaient des limites.

 “Délimiter, définir, c’est souffrir.”

                                          (titre d’un essai mort-né que j’ai retrouvé dans mes notes de 2019)


C’est ce que je me disais, je refusais d’entendre, aussi bien pour moi que pour autrui un discours défaitiste qui se prétendait fataliste.


Revenir sur ce que j’ai pu dire ou penser, est un véritable plaisir, au-delà de m’assurer une absence d’orgueil, cela permet une longue liste de sujets de réflexion.


 

Alors, aujourd’hui, à presque trente-cinq ans sur Terre, je ne dis pas que rien n’est impossible, ma pensée a beau se faire contradictoire, elle n’est pas manichéenne et, plus important que tout, je ne regrette rien de rien !


L’Ubris a été mon plus grand moteur, mon élan vital, et Balance (signe astrologique) oblige, après avoir frayé des côtés les plus extrêmes de la capacité humaine, je mets de l’eau dans mon vin(aigre) et peut-être, m’assagis ! La sagesse, n’étant alors qu’une modalité de la quête de la sainte et saine médiété, qui je l’espère, n’aura rien à voir avec ce que j'en imaginais : un ennui tiède, car ni chaud, ni froid.


Pour l’heure, j’expérimente encore (toujours) un peu plus le sentiment d’inanité, l’ennui, la lassitude et la vanité, et ce n’est pas par plaisir, c’est comme s’il fallait en passer par là, cuver ma fatigue, trop longtemps ignorée, pour que de tout ce miasme, de tous ces costumes empilés, puisse jaillir, celle que je suis réellement, ou plutôt une de ses multiples versions, qui me permettra, je l’espère, de réaliser quelque chose (ou tout simplement de vivre !).


Non pas que je n’accomplisse rien de mes journées. Cependant, je mets un point d’honneur à distinguer activités quotidiennes, que je garde jalousement privées, sauf peut-être mes spéculations introspectives, que j’ai besoin de coucher, de partager ; d’avec les réalisations extraordinaires, qui ont toujours su rythmer ma vie.


L’ennui n’est qu’une façade, il cache la genèse d’un aboutissement promis, qui se fait hélas, encore attendre.

En attendant, j’exerce et affûte toujours ma plume, qu’elle soit légère, précise, incisive, juste, et surtout authentique.


Et vous, connaissez-vous ces états de spleen ? Que faites-vous dans ces cas-là ?

Que la Paix soit sur nous tous !

1 commentaire

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Guest
Apr 20

Encore un texte passionnant et, comme toujours, éminemment poétique ! Merci d’être ce poisson qui grimpe aux arbres, pour notre plus grande… élévation !

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